Une communauté et un espace : la communauté juive du ghetto de Brest-Litovsk (1939-1942)
Le projet a pour ambition de redonner une identité aux Juifs du ghetto de la ville de Brest-Litovsk et de recomposer la géographie physique de l’espace où ils furent contraints de résider.
À l’instar de l’historien de la Shoah, Serge Klarsfeld, nous considérons qu’il est vital de dépasser une approche globalisante focalisée sur le nombre, afin de retracer la Tragédie comme étant celle d’une victime, plus une victime, plus une victime, afin que soient restitués à chacune d’entre elles son état civil, son itinéraire, sa dignité. L’édification d’une base de données sur les habitants du ghetto permet d’établir un mur de la mémoire, (un monument de papier). Elle contribue également à l’analyse sociologique de la population juive de Brest. Un accent tout particulier est mis sur la situation des enfants et l’évolution des familles sur une période allant des années 1930 (époque polonaise de la ville) à septembre 1939 (Brest est incorporée à la république soviétique socialiste de Biélorussie au sein de l’URSS) et de l’occupation allemande, entre le 21 juin 1941 et la liquidation du ghetto en décembre 1942.
Cette démarche micro-historique est associée à une approche géographique du ghetto en tant qu’espace physique. Le ghetto est considéré à la fois comme un lieu autonome avec ses propres lois de fonctionnement et comme un espace hétéronome en relation avec le monde extérieur et régi en partie par lui : la ville, les ateliers et chantiers de travaux forcés, les environs, fermes, villages proches, villes et autres ghettos et, éventuellement, des lieux plus éloignés.
Le projet a également une dimension mémorielle et pédagogique. Il entend mettre à disposition du grand public une base de données permettant de visualiser un ghetto et les membres de sa population afin de conserver dans le temps le caractère individuel de chacune des victimes de la Shoah à Brest-Litovsk.
Les documents utilisés proviennent des archives Arolsen, des archives régionales de la ville de Brest et des fonds du musée de Yad Vashem. Il s’agit pour l’essentiel de documents des administrations soviétiques et allemandes : registres d’enregistrement de la population, relevés statistiques, dossiers médicaux, plan de Brest et de ses environs.
Ce projet est mené par une équipe pluridisciplinaire composée d’historiens, de géographes et de civilisationistes ainsi que des spécialistes en informatique.