Cet axe de recherche explore le rôle des cours d’eau dans les dynamiques de violences de masse. Il s’inscrit dans le cadre de l’habilitation à diriger des recherches, consacrée à l’usage et aux représentation du Dniestr durant la Shoah.
À partir du cas du Dniestr, fleuve frontière, lieu de fusillades, de noyade et point de déportation, il s’agit d’interroger les modalités spécifiques de certains massacres et la manière dont ces éléments géographiques participent à la fois aux pratiques de violence et à leur mise en récit, dans les témoignages et les mémoires locales.
Cette réflexion se développe dans une perspective transdisciplinaire et comparative, qui vise à penser le rôle des cours d’eau dans d’autres contextes de violences extrêmes, notamment lors du génocide des Arméniens, où de nombreux déportés arméniens ont été exécutés sur les rives de l’Euphrate et précipités dans le fleuve, ou lors du génocide des Tutsis au Rwanda, où les rivières ont été autant des vecteurs de mort que des lieux d’effacement des corps.
En articulant approche historique, analyse spatiale et questionnements anthropologiques sur la relation entre eau, corps et violence, cette recherche entend contribuer à une meilleure compréhension des configurations matérielles et symboliques qui sous-tendent les massacres de masse.